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Podcast - Saison 1 - Episode 1

EPISODE 1 : La Grande Guerre canadienne et sportive

Jean-Pierre ©Paul Engel

Portrait de

Jean-Pierre

 

"Je m'appelle Jean-Pierre Godbout. Je suis originaire d'une toute petite ville canadienne qui s'appelle Toronto, où j'ai grandi ...

Quand j'étais jeune, Ça me fascinait de savoir qu'il y avait des gens qui étaient partis de chez nous, du Canada, pour aller se battre ailleurs. 

Au Canada, on retrouve un programme qui s'appelle le programme des cadets. Ce sont des activités pour les jeunes de 12 à 18 ans, dans ce programme là, on retrouve notamment des portions qui nous apprennent un peu d'histoire militaire. Tout jeune, à 12 ans, j'ai participé, par exemple à ma première parade de souvenirs, l'Armistice, le 11 novembre.

On est en 1993. À cette époque-là, j'habite à Toronto. Et puis on est encore assez chanceux qu'on a des vétérans de la Première Guerre mondiale qui sont encore vivants. De rencontrer ces hommes-là qui nous racontaient la vie dans les tranchées, sur le front de l'Occident, ça vient vraiment marquer l'imaginaire, vraiment !"

"Alors, le lieu où on se retrouve actuellement, le mémorial Terre-Neuvien à Beaumont Hamel est assez unique.

Ce site-là, qui est le lieu d'une bataille qui a été lancée le 1er juillet, la bataille de la Somme. Les Terre-Neuviens ont subi des pertes très importantes ce jour-là. Le 1er juillet au Canada, pour nous, c'est la fête du Canada. C'est la date où la Confédération a été créée en 1867. Mais pour les Terre-Neuviens, le 1er juillet demeure le jour du Souvenir, the Memorial Day

Sur le site ici, ils étaient 800 hommes d'un peu partout à travers le Terre-Neuve qui se sont lancés dans cette bataille-là. Et puis malheureusement, c'est des villages qui ont perdu plusieurs fils, plusieurs pères. Et ceux qui sont retournés à Terre-Neuve gravement blessés physiquement et psychologiquement. C'est des blessures énormes."

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"Le lieu sur lequel se trouve le caribou est vraiment une des pièces centrales du Mémorial. Le petit mont que les gens peuvent gravir nous donne une vue incroyable sur le champ de bataille (ici). La particularité du site (ici), c'est essentiellement le fait que les tranchées ont été préservées. Quand on est à la hauteur du caribou, on voit vraiment le tracé des tranchées

On voit le no man's land et la largeur du no man's land que les soldats auraient eu à franchir. Et on aperçoit aussi jusqu'à une certaine distance, là où les Allemands se situaient. Et on comprend, de par la géographie du site, à quel point tout était contre eux. C'était une no win situation. Il n'y aurait pas eu moyen de gagner ou de faire l'avancée qui était tant espérée par les commandants. On le réalise peut-être pas toujours quand on est à côté du caribou, mais en voyant le champ de bataille. On comprend mieux la bêtise de cette approche-là."

Michel ©Paul Engel

Portrait de

Michel

"Je m'appelle Michel Merckel, je suis d'origine bretonne et je suis né à Colombes, rue François Fabert. Et bien sûr, j'ai toujours été un peu curieux. “Maman, c'est qui François Fabert ?” Et maman m'a dit : "Un grand champion cycliste, mort à la Grande Guerre !" Et c'est vrai que je me souviens de cette phrase.

On ne s'en rend pas compte, mais chez les gamins, il y a des perceptions des fois très étonnantes. Pour moi, c'est un vrai traumatisme. Je savais en gros ce qui s'était passé là-bas. La misère des tranchées, les orages d'acier. On était quand même un peu conscients.

Mais je ne pouvais pas admettre qu'un grand champion cycliste ait été tué dans la Grande Guerre. À partir de ce moment-là, avec mes frères, on commence à écumer les stades du coin et sur mon carnet spirale, je commence à marquer les noms des champions français tués pendant la Grande Guerre.

Toujours dans cette mouvance, passionné d'histoire, je commence mes études de prof d’EPS et j'apprends alors une chose qui me sidère. J'apprends la date de la création de la Fédération Française de Football. On est en avril 1919 et là, bien sûr, pour moi, c'est vraiment un énorme point d'interrogation."

"J'ai voulu savoir. Et alors là, surprise, je m'aperçois que toutes les grandes fédérations françaises sont créées au lendemain de la Grande Guerre.

Donc la question : que s'est-il passé pendant la Grande Guerre ?"

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"Cette bataille de la Somme est précédée par un déluge de bombes et d'obus sur les lignes allemandes. C'est de l'ordre de 1 million 800.000, je crois. C'est monstrueux ce qu'on va envoyer. Et lorsque, à 7h30, les hommes vont se lancer à l'assaut des tranchées allemandes, on est persuadé que les Allemands ont été laminés. En fin de compte, le bombardement n'a pas atteint son but, loin de là. Et c'est vrai, quelque part, les hommes hésitent plus ou moins à sortir des tranchées. Et c'est là que l'idée de prendre quelques ballons est lancée. Parce que voilà, il y a le ballon. Il y a l'esprit de compétition. Et puis, il y a l'esprit britannique, le fair-play. Nous allons vous montrer, messieurs, comment on meurt. Il y a quelque chose d'énorme. Ce sont des fous furieux ou des héros absolus. Ils l'ont fait. Alors, bien sûr, cet événement va être ressenti par les poilus comme quelque chose d'impensable, d'énorme.

En fin de compte, pour moi, le 1er juillet 1916, c'est là que le sport français va prendre conscience que le sport est porteur de valeurs. Des valeurs qui construisent l'individu en tant que personne et l'individu au sein du groupe. On découvre le fair-play, mais on découvre les valeurs du sport. Ça change tout."

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"Dès 1919, création de la Fédération française de football, de rugby. En 1920, celle d'athlétisme, de natation. Et c'est vraiment la naissance du sport français qui vient de s'enraciner dès le lendemain de la guerre.

Et dans cette dynamique, n'oublions pas les femmes. Les femmes, pendant la Grande Guerre, ont été héroïques. Elles sont au courant de ce qui se passe sur le front par rapport au sport. Les stades sont vides. Elles vont donc tout naturellement aller sur ces stades. Et pour la première fois, le premier match de football féminin en France a lieu le 30 septembre 1917.

Et une femme va fédérer ce mouvement naissant un peu partout. C'est Alice Milla, une femme exceptionnelle. Et ça bouge doucement. Il faut vraiment pousser les lignes, parce qu'il y a énormément d'oppositions. Mais ça commence à se mettre en place. Il y a un grand club à l'époque, le Fémina Sport. Ça fonctionne.

Mais ce que veut Alice Milla, c'est que les femmes participent aux Jeux olympiques. Refus absolu du Comité olympique international. Elle s'organise ni plus ni moins. Elle crée une grande compétition à Monte-Carlo, les Jeux athlétiques féminins, en 1921. Suite à ça, elle crée la Fédération internationale de sport féminin et organise en 1922 à Paris, au fameux stade Pershing, les premiers Jeux olympiques féminins.

Le chemin va être long et il faudra attendre les Jeux de 2012 pour que les femmes participent à toutes les épreuves. Mais c'est la détermination exceptionnelle d'Alice Milla qui a permis d'ouvrir le sport féminin aux femmes du monde entier."